Moins de troubles du comportement alimentaire quand on est né avec un petit poids ?
Les troubles du comportement alimentaire, anorexie mentale et boulimie, sont des désordres psychiatriques plus habituels chez les femmes que chez les hommes. Ils semblent plus fréquents en cas de naissance perturbée ou de prématurité mais les facteurs de risque sous-jacents chez les anciens prématurés sont inconnus. Ces sujets nés avec un très petit poids de naissance (TPN) différent de ceux à terme par leurs dimensions corporelles. Dans le cadre d’une étude sur l’avenir des adultes nés avec un TPN, des auteurs finlandais ont exploré l’image corporelle, les désirs de minceur et la boulimie des anciens prématurés avec un TPN en comparaison de témoins nés à terme.
L’analyse a inclus 163 sujets nés entre 1978 et 1985, entre 24,1 et 35,7 semaines, avec un poids de naissance (PN) entre 600 g et 1500 g. Ils ont été comparés à 189 sujets nés après 37 semaines avec un PN normal. Tous ont eu un examen clinique afin d’exclure les handicaps, la recherche d’une dépression par l’échelle « Beck Depression Inventory » (BDI) et ont rempli un questionnaire divisé en 3 parties dans le but d’évaluer la « poursuite de la minceur » (PM : 7 items), l’insatisfaction corporelle (IC : 8 items) et la boulimie (B : 7 items). Les réponses à ces items étaient cotées de 1 à 6, les scores les plus bas correspondant au moins grand nombre de symptômes. Les hommes avaient 2 questions de plus concernant les muscles et la taille.
Dans les 2 sexes, le score total des troubles de comportement alimentaire (TCA) était plus bas en cas de petit PN que chez les témoins. L’élévation de l’indice de masse corporelle (IMC) et un score de dépression élevé contribuaient de façon significative à aumenter le score total des TCA. Mais après ajustement pour la taille, l’IMC et le score de dépression BDI, il persistait une différence de – 11 % pour les femmes (intervalle de confiance -18,4 % – 2,2 %) et de – 11,2 % (IC – 20,2 % -1,3 %) pour les hommes. Chez les femmes nées avec un petit PN, des scores plus bas ont été observés en comparaison des femmes de PN normal pour chacun des 3 items (PM, IC, B). Les résultats étaient similaires après ajustement en fonction de la masse grasse mesurée par absorption biphotonique. Après ajustement en fonction du BDI, le score PM devenait significativement plus bas dans les 2 sexes et le score de boulimie était aussi plus bas chez les femmes nées avec un TPN.
En conclusion, les jeunes adultes anciens prématurés, en particulier les femmes, semblent moins préoccupées par leur taille et leur image corporelle et ont possiblement moins de troubles du comportement alimentaire que les sujets nés à terme.
Pr Jean Jacques Baudon
Source: http://www.jim.fr/