Octobre est là et, même s’il fait encore beau, le nouveau vaccin contre la grippe est dans toutes les officines. Aura-t-il cette année le succès escompté, ou pâtira-t-il encore, à retardement, des atermoiements et controverses de la campagne d’incitation calamiteuse de l’année dernière ? Réponse dans quelques mois… En attendant voilà, pour ceux qui n’auraient guère envie de se faire vacciner ou de forcer leur entourage et/ou leurs patients à le faire, deux publications qui laissent soupçonner qu’une alternative –au moins partielle- à la prévention vaccinale et autres mesures d’efficacité reconnue pourrait exister, tant pour la grippe que plus largement les infections respiratoires aiguës, sous la forme inattendue d’une supplémentation alimentaire en vitamine D.

-La première, dans le Journal of Infectious Diseases, était une étude en double aveugle incluant 164 conscrits Finlandais âgés de 18 à 28 ans randomisés pour recevoir 400 UI/j (recommandation ministérielle) de vitamine D ou un placebo. Les résultats ne sont pas faciles à interpréter, l’effet d’une supplémentation sur la variable principale, le nombre de jours d’absence pour infection respiratoire, n’apparaissant clairement que durant les 6 premières semaines de l’étude avec 0,7 + 2,1 jours d’absence versus 1,4 + 2,6 dans le groupe placebo. Les auteurs, après différents ajustements statistiques et prise en compte d’autres paramètres, concluaient cependant à l’efficacité préventive de l’intervention et appelaient à la réalisation d’études complémentaires, dans d’autres groupes de populations et à d’autres doses.

-La seconde, elle, a été publiée dans un journal manifestement dédié aux rapports entre clinique et nutrition. Les auteurs, pour évaluer le rôle d’une supplémentation en vitamine D sur l’incidence de la grippe saisonnière en milieu scolaire, ont distribué 1 200UI/ j de D3 versus placebo à des groupes d’enfants scolarisés entre décembre 2008 et mars 2009. Dix-huit enfants (sur 167, soit 10,8 %) du groupe supplémenté ont été contaminés durant cette période, contre 31/167 (18,6 %) dans le groupe placebo : RR 0,58, IC 95 % : 0,34-0,99 ; p=0,04. Encore plus fort, parmi les asthmatiques, le nombre de crises aiguës a été de 2 dans le groupe supplémenté, versus 12 dans l’autre.

La vitamine D, reconnaissons-le, a été mise à toutes les sauces ces derniers mois, avec des résultats souvent assez encourageants. Les deux publications rapportées ici n’étonneront  vraiment, en réalité, ni les infectiologues chevronnés, ni les immunologistes, ni même les lecteurs réguliers du JIM (bien qu’il faille reconnaître, pour être exhaustif, que toutes les études ne sont pas strictement concordantes et que certaines peinent à mettre en évidence de réels bénéfices en matière d’infection respiratoire) : on sait aujourd’hui, grâce à plusieurs études dont le remarquable travail de Von Essen et coll. rapporté sur ce site, que la vitamine D joue un rôle central dans l’immunité, et que sans elle c’est toute la fonction lymphocytaire T qui pourrait être perturbée. Un système immunitaire en bon état de marche, n’est ce pas une condition évidemment nécessaire pour espérer échapper à la grippe ou à ses complications et autres infections respiratoires aiguës

Dr Jack Breuil 
Source: http://www.jim.fr/